L’écorchure au palais, Clara Rivault, Paris

7 octobre - 25 octobre 2022

L’écorchure au palais

“ Il lui suffisait 

De cesser de lécher 

L’écorchure au palais 

Pour qu’elle cicatrise. “

Clara Rivault

La matière semble s’étreindre dans les oeuvres de Clara Rivault. L’artiste à la sensibilité littéraire qui se réfère à Ovide et Homère, aux Métamorphoses et à L’Odyssée n’oublie pas que les mythes trouvent leurs sources dans les roches et les plantes, les phénomènes météorologiques et le mouvement des astres. Le caractère explicatif des mythes, les archétypes que véhiculent les personnages de ces récits fondateurs n’ont cessé de muter au cours des siècles mais nous sont parvenus comme des grilles de lecture toujours susceptibles de nous influencer - pour le meilleur et le pire. Dans les affiches de Mucha qui déclinent les symboles on peut encore reconnaître les nymphes ; dans les vitraux de Clara Rivault s’alignent Nausicaa, Pénélope, Circée et Eurydice. Le parallèle avec l’affichiste n’est pas gratuit, l’artiste revendique un travail des images qui s’apparente au symbolisme, avec une accumulation de motifs signifiants et une préoccupation esthétique qui mettent le faire au premier plan. C’est avec la transparence et l’opacité que se règle les derniers assemblages des vitraux. L’artiste associe des filtres de manière à traduire quelque chose de ce qu’elle fait disparaître en même temps : une identité pour une allégorie, un modèle pour une figure fluide.

Pour la série des Dames, Clara Rivault fait rencontrer la terre crue et le verre en fusion : le processus manuel définit ainsi la portée allégorique de ces pièces. La fusion du verre cuit la terre et les deux se refroidissent dans une intrication qui les rendent inséparables ; allégorie amoureuse dans ces formes qui reprennent des motifs de fécondité ? Peut-être… Les pièces de verre et de pierre de la série Entre-branches encouragent cette lecture. Les relations amoureuses que nous relatent les mythes sont souvent asymétriques, violentes. On peut voir dans la performance de la Mer de vie où l’artiste s’arrache d’une masse de plâtre quelque chose d’une lutte. Les mythes rouvrent quelque part des blessures, mais nous ne pouvons nous empêcher d’y revenir, d’y renaître.

Henri Guette


©Ivo Faber

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