Victoire

Inchauspé

A propos de l’artiste

« Le travail de Victoire Inchauspé est une succession de rêves peuplés de confessions qu’elle aborde dans sa démarche de faiseuse en fixant les traces de ses souvenirs à celles de son entourage lointain ou immédiat, récréant son histoire avec celles qu’elle trouve ou retrouve sur son parcours, sans douter de l’importance de ses doutes, refaisant du portrait de ses peurs un grand livre de poésie et de fictions, loin des sentiers battus. Elle mêle matières et médiums dans son laboratoire de fabrications, faisant de la nature son complice, usant de sa sève qu’elle rajoute au métal ou à l’argile, associant le verre à la cire, ou même du bronze à l’eau juste pour voir ce que cela donne comme effet, faisant ainsi de l’alliage de ses matériaux de déroutantes trouvailles visuelles. »

Pascale Marthine Tayou

@gregory_copitet

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TEXTE


Victoire Inchauspé

Par Charlotte Cosson

Il est rare que l’ensemble de l’œuvre d’un.e artiste dégage une sensation tactile liée à une température. Pourtant, celui de Victoire Inchauspé permet d’éprouver une impression de froid. Ses installations sont pourtant jalonnées de traces de vivants - de corps, de fleurs, d’animaux. Ce vivant semble s’être retiré pour avoir été « mal aimé». Il hiberne, en retrait du monde et des sens. Cerfs, araignées, abeilles, chauve-souris, tournesols, mimosas, pavot, edelweiss, chardons, sont comme des personnages, que l’artiste choisit de convoquer dans ses fables et mondes imaginaires. Comme dans un rêve, ils se dévoilent en creux, encapsulés, comme marqués par leur absence même. Le bois est brûlé, le bronze fondu, le sable soufflé en verre : comme dans la sorcellerie, ces éléments touchent à l’invocation de ce qui n’est plus. A moins que cela ne soit à ce qui est en train de disparaître ? Ce vivant, convoqué mais souligné dans son invisibilité, dérange par son absence – et crée en cela un sentiment d’étrangeté qui, comme par magie, remplit l’aura des œuvres d’une douce mélancolie qui nous saisit pour mieux nous réchauffer. Dans l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, tout n’est finalement qu’une question de cycle : de naissance, d’apogée, de vieillesse, de mort, puis de renaissance. Les fleurs qu’elle fige dans une immortalité apparaissent sous différentes formes, de la graine jusqu’à la fleur en décomposition. Nos yeux perçoivent cette dualité entre la force et la fragilité, grâce à l’équilibre que recherche Victoire Inchauspé entre les matériaux issus de l’industrialisation et organiques, entre l’éphémère et l’éternel. Dans l’attente de la renaissance, entre présence et absence, à l’aube d’un violent réchauffement climatique, les cœurs glacés de ne plus pouvoir se relier attendent, confiant, l’éclosion nouvelle. Par sa poésie, l’artiste nous invite à une ré- flexion et un questionnement sur la beauté et la fragilité de la vie.

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